Le Voyage Lyrique - Découverte de l'opéra

Le Voyage Lyrique - Découverte de  l'opéra

Les chansons à boire de l'opéra

"Jeune adepte du tonneau n'en excepte que l'eau"

 

Si vous pensiez qu'à l'opéra on ne fait que se lamenter et mourir, voici des airs qui vous ferons changer d'avis : la chanson à boire, un genre qui plaît volontiers à nos compositeurs d'opéra... car l'égaiement né du fruit de la vigne ou du houblon semble aussi vieux que l'humanité, et semble le remède à bien des maux ! Mais attention, l'alcool fait aussi perdre la tête ! 

Rendons un hommage lyrique à Bacchus-Dionysos, dieu de la vigne, et du théâtre !

 

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Découvrez également notre Playlist Youtube

 

Brindisi - "Libiamo" - La Traviata - Verdi

Commençons par le plus connu, le célèbre "Brindisi" de La Traviata. La courtisane Violetta donne une très riche soirée à l'occasion de laquelle elle rencontre le jeune provincial Alfredo qui est déjà amoureux d'elle. Il est invité à improviser un toast dans lequel, évidemment, il ne peut s'empêcher de parler d'amour. Son hôtesse lui répond sur la même mélodie, mais en lui rappelant que l'amour est un sentiment fugace, et qu'il vaut mieux profiter avant tout de la vie !


Hymne à Bacchus - Orphée aux Enfers - Offenbach

"Evohé", est le cri des bacchantes en hommage à Bacchus-Dionysos. Offenbach adore en user et en abuser ! Nous sommes au dernier acte de l'opéra bouffe : Eurydice a quitté son insupportable mari Orphée, prof de violon, pour suivre Pluton aux Enfers. Mais elle s'y ennuie ferme et décide finalement de céder aux avances de Jupiter (alias Jupin). Celui-ci décide de l'enlever à Pluton et, pour se faire, la déguise en Bacchante. Pour donner le change à un Pluton qui n'est pas dupe du tout, Eurydice entonne un très énergique hymne à Bacchus. 

 

Le beau-père de Cendrillon, Don Magnifico, est officiellement nommé Grand Sommelier du Prince, du fait de ses compétences exceptionnelles en la matière... Qui rappellent sans doute celles de Rossini !

Paolo Montarsolo est particulièrement irrésistible dans cet extrait du film génial de Jean-Pierre Ponnelle.


"Buvons soudain" - Le Comte Ory - Rossini

Le Comte Ory aimerait bien séduire la belle Comtesse qui s'est cloîtrée dans son château fortifié pendant l'absence de son mari parti à la croisade.

Lui et ses gaillards ont trouvé le moyen de pénétrer dans l'enceinte : en se déguisant en nonnes. Ils sont bien accueillis, mais la chère est bien maigre et l'eau bien claire... Heureusement, l'un d'entre eux a trouvé le chemin de la cave qui se trouve être bien garnie ; mais il ne faut pas non plus éveiller l'attention...

 

LE COMTE ORY, SES COMPAGNONS
ôtant les bouteilles du panier
Buvons, buvons soudain!
Qu'il avait de bons vins
Le seigneur châtelain!

Pendent qu'il fait la guerre
Au Turc, au Sarrasin;
A sa santé si chère
Buvons ce jus divin.
Buvons jusqu'à demain.

Quelle douce ambroisie!
Célébrons tour à tour
Le vin et la folie,
Le plaisir et l'amour

LE COMTE ORY
On vient... c'est la tourière!..
Silence! taisez-vous!
Mettez-vous en prière,
Ou bien c'est fait de nous.

 


"Dansons, buvons"  et couplets d'Oreste "Vénus au fond de notre âme"- La Belle Hélène - Offenbach

On fait aussi la fête sur les plages grecques... C'est la terrible malédiction que Vénus a jetée sur les Grecs qui n'ont pas voulu laisser le prince Pâris enlever Hélène. Et c'est le fils d'Agamemnon, Oreste lui-même qui mène la danse. 

"Dansons, buvons et trémoussons-vous avec verve, et foin de la chaste Minerve. Gloire à Vénus, gloire à Bacchus"

 


"Vin ou bière" - Kermesse - Faust - Gounod (1859)

Cette scène de fête champêtre ouvre le premier acte de l'opéra de Gounod. Nous sommes dimanche, il fait beau, et toutes les classes sociales se croisent : les jeunes hommes boivent, les bourgeois flânent, les soldats fanfaronnent, les jeunes filles minaudent et les rombières ronchonnent !



Choeur de la bière - La Fiancée Vendue - Smetana

"La bière est un don du ciel" pour ces villageois tchèques. 


Air du Champagne - Die Fledermaus  - Johann Strauss II

La fête viennoise chez le prince Orlowski est plus relevée et cette fois-ci on trinque au champagne : "Le roi de tous les vins".

 


"Steuermann lass die Wacht" - Choeur des Marins - Der Fliegende Holländer - R. Wagner

Voici une des chansons à boire les plus énergiques de tout le répertoire : les marins norvégiens fêtent leur retour au port à grand renfort de bière. Ils invitent les filles à se joindre à eux, mais celles-ci leur rappellent qu'il manquent au devoir d'hospitalité en ne partageant pas nourriture et boisson avec les marins du vaisseau hollandais qui a également jeté l'ancre au port. 

On invite donc le voisin à faire ripaille, mais le navire hollandais reste étrangement silencieux. Hommes et femmes sont inquiets : serait-ce le fameux Vaisseau Fantôme du mystérieux Hollandais Volant? 

Ils hèlent, raillent et provoquent tant et tant que les fantômes s'éveillent et entonnent alors leur propre chanson. La tempête se lève. Paniqués, les Norvégiens tentent de chanter plus fort. Les deux choeurs d'hommes se font un instant concurrence, mais qui peut couvrir les chants de l'Enfer ?


 


Boire pour oublier... ou quand on essaye en vain d'être joyeux :

"O vin, dissipe la tristesse" - Hamlet - Ambroise Thomas

Hamlet a décidé d'organiser un spectacle dans le cadre duquel il a l'intention d'accuser publiquement sa mère et son beau-père le roi Claudius du meurtre de son père. 

Il met tout au point avec les baladins puis entonne une chanson à boire teintée d'une immense tristesse. 

 



"Quand la flamme de l'amour" - Air de Ralph - La Jolie Fille de Perth - Bizet

En voici un qui a aussi le vin triste ! Il est désespéré de ne pas être aimé...

 

 

Encore plus impressionnant par Nicolai Ghiaurov :



"Amis, l'amour tendre et rêveur, erreur !" - Les Contes d'Hoffmann - Offenbach

Hoffmann a connu des déboires amoureux après s'être épris successivement d'un automate et d'une artiste souffrant d'une maladie mortelle. Il a décidé d'en finir avec l'amour et se réfugie à Venise où il fait la fête pour oublier ses malheurs. Mais il va tout de même tomber dans les filets de la belle courtisane Giulietta. 

 

 

Amis, l'amour tendre et rêveur, Erreur!
L'amour dans le bruit et le vin, Divin!
Que d'un brûlant désir votre coeur s'enflamme
Aux fièvres du plaisir consumer votre âme
Transports d'amour durez un jour. Ah!
Au diable celui qui pleure pour deux beaux yeux!
A nous l'ivresse meilleure des chants joyeux!
Vivons une heure dans les cieux! Ah!

Le ciel te prête sa clarté, Beauté!
Mais vous cachez, ô coeurs de fer, L'enfer!
Bonheur du paradis où l'amour convie
Serments, espoirs maudits, rêves de la vie,
Ô chastetés, ô puretés mentez! Ah!
Au diable celui qui pleure pour deux beaux yeux!
A nous l'ivresse meilleure des chants joyeux!
Vivons une heure dans les cieux! Ah!

 

"Trinke, Liebchen, trinke schnell", La Chauve-Souris, Franz Lehàr

Le ténor Alfred aurait bien profité de l'absence du mari de Rosalinde pour renouer avec cette ancienne conquête... Il sait que sa voix l'a toujours fait craquer et qu'en plus, elle ne tient pas très bien l'alcool et se lance donc dans une chanson à boire pour la "détendre"...

ALFRED
Bois, ma chérie, bois vite,
boire y fait voir clair!
Et si tes beaux petits yeux voient clair,
tu verras alors la vérité.
Tu verras que l'amour fou est un songe
qui ne cesse de nous berner.
Tu verras que la fidélité éternelle est un mensonge.
Cela n'existe plus!
Et même si s'envolent certaines illusions
qui jadis réjouissaient ton cœur,
le vin saura bien te consoler
en te donnant l'oubli.
Heureux qui oublie
ce que l'on ne peut changer.
Trinque avec moi,
chante avec moi!

ENSEMBLE
Heureux qui oublie,
ce que l'on ne peut changer.


ALFRED
Bois, ma chérie, bois vite!
boire y fait voir clair.
Mais ne fais pas triste mine,
sois gaie, ne boude pas!
Si jamais tu as été infidèle,
que tu sois pardonnée!
Jure-moi encore une fois
et je te croirai!
L'illusion nous rend heureux,
même si la joie est de brève durée!
Sois sans crainte, je te crois
et suis heureux aujourd'hui!


L'Etoile, EChabrier, duetto de la Chartreuse Verte

Le Roi Ouf 1er a décidé d'amuser son peuple en faisant exécuter le jeune Lazuli... jusqu'au moment où son astrologue Siroco lui apprend que leurs étoiles sont liées, et que la mort de Lazuli aurait pour conséquence directe la mort du Roi... Siroco est d'autant plus paniqué que Ouf avait autrefois donné l'ordre de mettre à mort son astrologue si lui-même venait à mourir... vous suivez ?

Quand arrive alors l'annonce de la mort accidentelle de Lazuli, les deux hommes sont  désespérés et décident de noyer leur angoisse dans "un petit verre de Chartreuse ver...te".

 


 


Quand cela tourne à la catastrophe !

"Viva il vino spumeggiante" - Brindisi de Turiddu - Cavalleria Rusticana - Mascagni

Turiddu, jeune villageois sicilien, a bien des problèmes avec ses maîtresses... Pourquoi ne pas se changer les idées avec un peu vin (d'autant plus qu'il est le fils de la tenancière de l'auberge locale) ? 

Au sortir de la messe de Pâques, les villageois trinquent volontiers avec lui. Mais un excès de vin peut vous faire faire de très grosses bêtises, comme provoquer en duel le mari de votre maîtresse par exemple, mari qui manie bien le couteau...

 

En attendant, les amis, ici Prenons un verre.

 

Vive le vin pétillant

Dans le verre pétillant

Comme le rire de l'amant

La douceur suscite la jubilation !

 

Vive le vin sincère,

Que chaque pensée nous attire,

Et ça noie l'humour noir

Dans une tendre ivresse.

 


 

"Rodrigo, beviam" - Otello - Verdi

Jago a l'intention de compromettre le jeune capitaine Cassio. Sachant que celui-ci ne supporte pas l'alcool qui le rend violent, Jago décide de le faire boire... et Cassio perd ses moyens comme prévu, entraînant l'intervention d'Otello qui, fou furieux, le dégrade. 

"Qui a mordu à l’appât du dithyrambe
bravache et outré
boive avec moi, boive avec moi,
boive, boive, etc.
... bois avec moi!"

Ici, interprété par le baryton Tito Gobbi


 

"Vivat Bacchus, Bacchus lebe" - L'Enlèvement au Sérail - Mozart

Pedrillo et Belmonte veulent enlever les belles prisonnières dans le Sérail, gardé par le terrible Osmin. Pour l'endormir, Pedrillo a prévu de le faire boire... ce qui est normalement interdit au musulman Osmin. Celui-ci se laisse pourtant rapidement convaincre et fera comme si Allah ne le voyait pas...


Boissons empoisonnées...

Lucrezia Borgia, Donizetti

Le jeune Orsini entonne une chanson à boire dans le cadre d'une soirée entre ennemis de Lucrezia Borgia... Il ne sait pas que son vin est empoisonné par Lucrèce...

 

Je le connais par expérience et je l'enseigne à mes amis.
Qu'il fasse beau ou que le ciel soit couvert,
Par tous les temps, qu'il fasse chaud ou qu'il gèle,
Je plaisante, je bois, et je ris des insensés
Qui s'inquiètent de l'avenir.
Ne pensons pas à un lendemain incertain,
Si aujourd'hui nous pouvons en profiter.

 

La strophe est rapide.
Profitons des années fleuries,
Le plaisir les fait passer plus lentement.
Si la vieillesse, au visage livide,
Se tient derrière moi et menace ma vie,
Je plaisante, je bois, et je ris des insensés, etc.

 


Barkouf, Offenbach

La première grande création d'Offenbach à l'Opéra-comique a connu en 1860 un flop retentissant (dont vous pouvez d'ailleurs en connaître tous les détails en lisant mon dernier roman L'Escapade).

Il faut dire que l'histoire en est un brin saugrenue...voire sulfureuse...

Les habitants de Lahore ayant jeté par la fenêtre leur denier Grand Caimacan, c'est le chien Barkouf qui a été désigné pour lui succéder, à charge pour sa maîtresse, Maïma, de transmettre ses ordres. Mais cela ne plaît guère au premier ministre Bababek, qui tente d'empoisonner le dirigeant canin. Son complot ayant été révélé, Maïma lui donne le choix : boire lui-même la coupe de poison ou être empalé...

 

Maïma :

Grand échanson, notre doux maître Trouve ce breuvage parfait,

Et je dois vous faire connaître Combien il en est satisfait 

 

Gouverneur généreux, Il veut à la ronde

Voir, quand il est heureux, Heureux tout le monde.

De ce vin favori
Sa bonté profonde

Veut qu’ici,

Comme lui, Vous buviez aussi !

Oui, vous en boirez comme lui ; Buvez, Barkouf le veut ainsi ! 

Allons, Barkouf vous invite. Mais buvez donc, Grand échanson !

A Barkouf il faut au plus vite Et sans façon

Faire raison. Buvez donc,

Grand échanson ! 

De ce nectar si bon Qu’il n’épargne guère,

Et du même flacon Remplissant vos verres. Barkouf, dans sa bonté,

Veut, amis sincères, Vous voir avec gaîté

Boire à sa santé ! 

Buvez tous, buvez donc, Grand échanson,

Au gouverneur faites raison ! 

 


Cosi fan tutte, Mozart « E nel tuo, nel mio bicchiero »

Voici encore un "brindisi" un peu grinçant. Guglielmo et Ferrando ont voulu tester la fidélité de leurs fiancées... et ont réussi. Ce toast célèbre le bonheur que doit leur offrir le (faux) mariage des deux couples intervertis... mais on entend quand même le baryton grommeler : "si seulement c'était du poison que buvaient ces chiennes sans honneur"...


Macbeth - Verdi - "Si colmi il calice"

Premier opéra shakespearien de Verdi, Macbeth, créé en 1847, est une oeuvre d'une grande modernité pour l'époque, mêlant fantastique, grands moments dramatiques, et bel canto.

Motivé par une prophétie et poussé par sa femme, Macbeth est monté sur le trône d'Ecosse en faisant assassiner le Roi Duncan, suivi de son ami Banquo.  

Une grande soirée est alors organisée, où Lady Macbeth, en digne maîtresse de cérémonie, tente de mettre de l'ambiance grâce à une chanson à boire. Mais Macbeth croit alors voir apparaître le fantôme de Banquo et gâche la fête...


"Hier im ird'schen Jammertal" - Der Freischütz - Carl Maria von Weber

Le pauvre chasseur Max est désespéré : pour gagner la main de sa belle Agathe, il doit gagner un concours de tir. Mais depuis quelque temps, la malchance le poursuit, et il manque à tous les coups ! Son camarade Kaspar saisit l'occasion : il doit apporter une âme au terrible Chasseur Noir Samiel, en échange de son salut. Kaspar doit convaincre Max d'aller dans la forêt, à minuit, pour forger avec l'aide du diabolique Samiel des balles magiques, des balles franches qui atteignent leur cible à tous les coups. 

Mais Max a peur, il hésite... pour le décider, Kaspar décide de le faire boire et entame une chanson qui fait plutôt froid dans le dos !

"Dans cette vallée de larmes, il n'y aurait que soucis et peines si la vigne ne portait de raisins. Aussi jusqu'à mon dernier souffle, je mets ma foi résolument dans le ventre du divin Bacchus."

 

- Chante donc avec moi. 

 

- Tais-toi !

 

- A la belle Agathe ! Seul un goujat refuserait de boire à la santé de sa fiancée.

 

- Pourquoi bois-tu à la sienne? Elle t'a envoyé promener.

 

- (Et elle me le paiera)

 

"Un fait un et trois font trois.Aussi en faut-il encore deux en sus du jus de la vigne.

 

Le jeu, aux cartes et aux dés, et la poitrine d'une belle enfant, voilà qui procure la vie éternelle."

 

- Ah, il n'y a rien à tirer de toi. Longue vie à notre Prince. Qui refuse de trinquer est l'ennemi public. 

 

- Mais c'est le dernier. 

 

"Sans ce trèfle -là, pas de plaisir qui vaille depuis le Paradis. 

 

Le carafon, les dés et les cartes et la petite Catherine, voilà mon abécédaire illustré."

 


Du côté des Russes...

Chanson de Varlaam : La Bataille de Kazan - Boris Godounov - Moussorgsky

Deux moines orthodoxes défroqués vident la cave d'une petite auberge à la frontière de la Lithuanie. Pour égayer l'ambiance, l'un d'eux entame une chanson allègre narrant les exploits d'Ivan le Terrible à la Bataille de Kazan. 

 

Comment cela se passa-t-il dans la ville de Kazan ?

 

Le terrible tsar festoyait et se réjouissait.

 

Il frappait les Tatars sans pitié,

 

pour qu’ils n’osent plus jamais errer à travers la Russie.

 

 

 

Il marcha vers la ville de Kazan,

 

il creusa des galeries sous la rivière Kazanka.

 

Les Tatars se promenaient dans la ville,

 

et jetaient des regards en coin au tsar Ivan.

 

Les Tatars étaient furieux.

 

 

 

Le terrible tsar se mit à s’inquiéter,

 

il laissa tomber sa tête sur son épaule droite.

 

Alors il convoqua les artilleurs,

 

les artilleurs, tous des allumeurs.

 

 

 

Les mèches s’embrasèrent avec de la cire vive.

 

Un jeune artilleur s’approcha du baril,

 

le baril de poudre se mit à rouler,

 

il roula à travers les galeries

 

et explosa avec fracas.

 

 

 

Les Tatars crièrent et hurlèrent,

 

ils gémirent en malédictions.

 

Une multitude de Tatars tombèrent,

 

quarante mille d’entre eux périrent,

 

et trois mille encore.

 

 

 

Ainsi cela se passa-t-il dans la ville de Kazan ! Éh !


Air de Galitsky - Le Prince Igor - Borodine

Le prince Igor est parti en campagne pour essayer de protéger la Russie des attaques des Polovtsiens, menés par le terrible Khan Kontchak. 

Galitsky est resté pour assurer l'intérim. Il en profite surtout pour faire ripaille et essayer de s'attirer les bonnes grâces de la population pour éventuellement, pouvoir prendre définitivement le pouvoir. 

"Je ne cache pas que j'ai horreur de m'ennuyer. Igor préfère la bataille, mais moi j'aime la paix, l'amour et la ripaille. 

 

Si j'avais l'honneur d'être prince de Poutivle

 

Je rendrais justice à la table d'un banquet

 

Le vin coulerait à flots. 

 

Mes arrêt et mes sentences, tous seraient vite exécutés

 

Par mes volontés, vive la gaîté !

 

Pour goûter tant de délices

 

je dépenserais sans avarice le trésor princier

 

Je mènerais grand train et gouvernerais tout mon domaine

 

Je vivrais comme bon me semble, sinon, à quoi bon le pouvoir.

 

On m'appréciera, nul ne sera oublié !"


L'Elisir d'amore, Donizetti "Del elisir mirabile"

Le timide Nemorino a bien du mal à attirer l'attention de la belle Adina. Seul un "élixir" vendu par un charlatan, qui se trouve être en fait une bouteille de Bordeaux, pourra lui redonner courage... Mais si les femmes sont soudain amoureuses de lui, c'est peut-être aussi parce qu'elles viennent d'apprendre qu'il a fait un bel héritage...

(Il faut ouvrir le lien dans YouTube, cette version avec Alagna est vraiment très drôle)


Boissons berlioziennes

"Honneur aux maîtres ciseleurs" - Benvenuto Cellini - Berlioz

Les ouvriers de l'orfèvre Cellini ont l'air de passer beaucoup de temps à la taverne... mais ils refusent d'entonner un vulgaire air à boire, ils préfèrent chanter la gloire des maîtres ciseleurs !

A boire, à boire, à boire!
Servez-nous vite à boire!

Tra la la la!
Chantons!

 

CELLINI

Soit, mais pour Dieu, pas de chansons à boire!
Pas d’ignoble refrain
Sentant la taverne et le vin.
Chantons! mais que nos chants soient un hymne à la gloire
Des ciseleurs et de notre art divin.

 

Chant des ciseleurs

Si la terre aux beaux jours se couronne
De gerbes, de fruits et de fleurs,
En ses flancs l’homme moissonne
Dans tous les temps des trésors meilleurs.
Honneur aux maîtres ciseleurs!

Quand le maître cisèle
L’or comme un soleil luit,
Le rubis étincelle
Comme un feu dans la nuit.

Le jour, les diamants sommeillent,
Le soleil éteint leurs splendeurs;
Mais quand vient le soir, ils s’éveillent
Avec le chœur scintillant des étoiles leurs sœurs.
Le soir les topazes s’éveillent
Avec les étoiles leurs sœurs.
Honneur aux maîtres ciseleurs!

Quand le maître cisèle
L’or comme un soleil luit,
Le diamant ruisselle
Comme un torrent qui fuit,
Le rubis étincelle
Comme un feu dans la nuit.

Quand naquit la lumière,
Le génie aux beaux-arts
Divisa la matière;
Il en fit quatre parts,
L’architecte eut la pierre,
Au peintre la couleur,
Le marbre au statuaire,
Mais l’or au ciseleur!

Les métaux, ces fleurs souterraines
Aux impérissables couleurs,
Ne brillent qu’au front des reines,
Des rois, des papes, des grands-ducs et des empereurs.
Honneur aux maîtres ciseleurs!


 

 

 

 

Autre chanson à boire de Berlioz, d'inspiration shakespearienne : Béatrice et Bénédict à Syracuse. 

 

Le vin de Syracuse
Accuse
Une grande chaleur
Au cœur
De notre île
De Sicile.
Vive ce fameux vin
Si fin!

Mais la plus noble flamme...

Douce à l’âme
Comme au cœur
Du buveur,
C’est la liqueur vermeille
De la treille
Des coteaux de Marsala
Qui l’a! 

 


 

On boit encore dans La Damnation de Faust (Berlioz)... Quand Méphisto tente en vain d'initier Faust aux "plaisirs simples" de la vie... 

Oh ! qu’il fait bon quand le ciel tonne
Rester près d’un bol enflammé,
Et se remplir comme une tonne
Dans un cabaret enfumé !
J’aime le vin et cette eau blonde
Qui fait oublier le chagrin.
Quand ma mère me mit au monde,
J’eus un ivrogne pour parrain.


Et quand on boit... et que l'on n'est pas à l'opéra.

Chanson à boire - Poulenc

Voici une chanson à boire de Poulenc que je trouve très amusante (extrait des chansons gaillardes, 1926)


Chanson à boire - Ravel - Extrait du cycle "Don Quichotte à Dulcinée"



Mescetemi il vino - Brindisi - G. Verdi

Une mélodie de Verdi toute pétillante. Versez-moi du vin ! 


Carmina Burana - In Taberna - Carl Orff (1936)

Ce n'est pas un opéra, mais je ne résiste pas à l'envie de vous faire écouter cet extrait de la célèbre cantate profane composée par Carl Orff sur d'anciens textes latins profanes du Moyen-Age. 

Voici la séquence "In taberna", composée de 4 chants :

- Estuans Interius, pour bariton

https://www.paroles-musique.com/traduction-Carmina_Burana-IN_TABERNA_Estuans_Interius-lyrics,t171540

- Olim lacus colueram pour ténor et choeur (Le chant du cygne rôti !)

https://www.paroles-musique.com/traduction-Carmina_Burana-Olim_Lacus_Colueram-lyrics,t171541

- Ego sum abbas Cucaniensis pour baryton et choeur (Je suis l'Abbé de cocagne)

https://www.paroles-musique.com/traduction-Carmina_Burana-Ego_Sum_Abbas-lyrics,t171542

 

- In taberna quando sumus pour choeur

 

Quand nous sommes à la taverne,
nous ne pensons pas à la terre,
mais nous nous adonnons au jeu,
auquel nous transpirons toujours.
Ce qui se passe dans la taverne,
où l'argent est le tavernier,
c'est ce que je vais raconter,
si vous voulez bien écouter.

 

Certains jouent, certains boivent,
certains vivent sans mesure.
Mais parmi ceux qui s'attardent au jeu,
les uns s'y dépouillent,
d'autres s'y revêtent,
certains y sont habillés de sacs.
Là, personne ne craint la mort,
mais pour Bacchus, tous tirent au sort.

 

D'abord, ils boivent pour l'argent du vin,
les libertins en boivent à leur tour ;
ils boivent une fois pour les captifs,
puis trois fois pour les vivants,
quatre fois pour tous les chrétiens,
cinq fois pour les fidèles défunts,
six fois pour les sœurs frivoles,
sept fois pour les soldats des bois.

 

Huit fois pour les frères dévoyés,
neuf fois pour les moines dispersés,
dix fois pour ceux qui naviguent,
onze fois pour les querelleurs,
douze fois pour les pénitents,
treize fois pour les voyageurs.
Pour le pape comme pour le roi,
ils boivent tous sans loi.

 

La maîtresse boit, le maître boit,
le soldat boit, le clerc boit,
celui-ci boit, celle-là boit,
l'esclave boit avec la servante.
Boit le rapide, boit le lent,
boit le blanc, boit le noir,
boit le sédentaire, boit le vagabond,
boit l'ignorant, boit le savant.

 

Le pauvre et le malade boivent,
l'exilé et l'inconnu boivent,
le garçon et le vieillard boivent,
l'évêque et le doyen boivent,
la sœur et le frère boivent,
la vieille et la mère boivent,
celle-ci boit, celui-là boit,
cent boivent, mille boivent.

 

Peu de pièces d'or
durent, quand tous boivent sans mesure.
Bien qu'ils boivent avec l'esprit joyeux,
ainsi tous nous critiquent,
et ainsi nous restons pauvres.
Que ceux qui nous critiquent soient confondus,
et qu'ils ne soient pas inscrits avec les justes.

 

Extrait du film de Jean-Pierre Ponnelle :

 

 

Helan gar !

Voici enfin une chanson à boire traditionnelle suédoise interprétée par l'immense ténor Lauritz Melchior :

 

 

Image associée

 

Et maintenant, à votre santé ! 

Julia Le Brun

 

 Bacchus.jpg

 



05/06/2023
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