Idées reçues
Détruisons, si possible, quelques idées reçues sur l'opéra!
Les idées reçues concernant l'opéra sont tenaces et innombrables... en voici quelques unes démontées point par point:
La musique classique appartient à un passé révolu
FAUX
La musique classique est par définition universelle et d’une certaine manière, elle est partout où on ne l’attend pas (et pas seulement dans l’ascenseur). Toutes les chansons actuelles, toutes les musiques de films, toutes les musiques « occidentales » dérivent de la musique classique et sont composées sur les mêmes bases, elles sont juste très simplifiées. Ecoutez la bande-son du Seigneur des Anneaux…
De plus, si le répertoire de l'opéra relève du musée, c'est un musée vivant, auquel les artistes redonnent en permanence une nouvelle vie.
L'opéra est un genre musical difficile et ennuyeux
FAUX
Dans le domaine de la musique classique, l'opéra est certainement le genre plus accessible, car c'est un art complet:
- Il est chanté, et en cela il se rapproche de la chanson moderne. La voix et les paroles sont un repère pour l'auditeur, elles donnent à la musique un sens qui est plus difficile à trouver dans la musique instrumentale.
- Il raconte une histoire qui est portée et magnifiée par la musique : le spectateur peut s'impliquer, s'identifier aux personnages... comme au cinéma.
- Il se montre en spectacle: aller à l'opéra c'est aussi voir (généralement) de beaux décors, de beaux costumes, de superbes ballets, dans une salle souvent sublime avec des spectateurs de moins en moins guindés.
- Par contre cela est vrai que cela demande plus d'attention, de recueillement d'écoute active qu'un concert techno, car la musique classique ne parle pas seulement au corps mais aussi à l'esprit.
- Certains opéras sont plus ennuyeux que d'autres : renseignez-vous avant de prendre votre place !
Mise en scène d'Aïda de Verdi, Met Opera, New York
On ne comprends jamais rien, même quand c'est chanté en français
FAUX
Il est vrai que la prononciation des chanteurs n'est pas toujours excellente, même quand ils sont français... mais rassurez-vous, toutes les salles proposent désormais des sur-titrages, même pour les opéras français.
Les histoires sont absurdes et trop compliquées
FAUX
Ça, c'est un peu de la mauvaise foi. Même les livrets réputés les plus tordus, comme celui du Trouvère de Verdi par exemple, sont compréhensibles avec un soupçon de bonne volonté. Il suffit de suivre un minimum le texte. Les spectateurs d'autrefois n'étaient a priori pas plus intelligents que ceux de maintenant.
Et puis, Julia Le Brun, votre conférencière est aussi là pour vous guider si vous le souhaitez.
Les chanteurs sont obèses et ne savent pas jouer
FAUX
À l'opéra, priorité est donnée à la musique et donc à la qualité de la voix, et tant mieux. Mais l'accent aussi mis sur la qualité du jeu d'acteur et sur l'adéquation du physique au rôle. Si Pavarotti a connu un succès immense uniquement du fait de sa voix sublime, on ne pourra jamais dire de Placido Domingo, de Jonas Kaufmann, de Renée Fleming ou d'Anna Netrebko qu'ils ne "présentent" pas bien...
Jonas Kaufmann et Anna Netrebko dans La Traviata (Verdi) Renée Fleming dans Thaïs de Massenet
Il faut une tenue de soirée pour aller à l'opéra
FAUX
Les usages ont bien changé : jeans et tennis ont remplacé les robes longues et escarpins (pour le meilleur et pour le pire).
Bien sûr, rien n'empêche de se faire plaisir et de sortir les smokings et paillettes mais cela n'a plus rien d'obligatoire... il est juste dommage de s'en priver, surtout à une époque où il n'est pas coûteux de s'habiller correctement.
Aller à l'opéra coûte trop cher
Il est vrai que les bonnes places dans les grandes salles sont chères (jusqu'à 200 euros), mais pas plus que pour un concert de variété ou un match de football ! Le problème est d'ailleurs le même : il faut faire attention aux ouvertures de réservations.
De plus, tous les opéras du monde offrent t des places à des tarifs très bas. L'Opéra de Paris propose des places à 15 euros (le prix d'une place de cinéma !) Il y a aussi des soirées à l'Opéra Bastille réservées aux moins de 28 ans ou toutes les places sont à... 10 euros! Tout est une question de volonté.
Et puis il y a aussi des petites salles à Paris et en province qui proposent des spectacles lyriques à des tarifs plus bas, sans parler des diffusions en direct dans les cinémas.
- Les opéras sont trop longs
Avatar: 2h30, La Traviata : 2h00 + entracte. A vous de choisir. Et puis, quand c'est beau, on ne compte pas!
Pour découvrir et aimer l'opéra, il faut nécessairement... aller à l'opéra
FAUX
L'art lyrique peut vous faire vivre des expériences intenses, sans que vous ayez besoin de sortir de vos pantoufles ou de casser la tirelire.
Vous habitez à la campagne? Vous n'avez pas envie de sortir de chez vous (ou ne pouvez pas )? Tout ce dont vous avez besoin, c'est d'un lecteur DVD, d'un ordinateur, d'une chaîne stéréo et d'un téléviseur.
Des milliers de vidéos d'opéra gratuites sont désormais disponibles sur le net : YouTube, sans parler de ArteTV, FranceTV, Operavision etc.
J'ai découvert l'opéra en vidéo. C'est un support idéal pour découvrir l'opéra. Votre salon ou votre chambre sont moins imposants qu'une salle d'opéra et vous avez en prime accès aux plus grands artistes et aux plus belles mises en scène du monde, avec gros plans et sous-titres. A défaut même, le CD (avec livret inclus de préférence) permet de laisser libre court à son imagination.
L'opéra en direct au cinéma: Depuis quelques années, les opéras ont également mis en place des systèmes de diffusion en direct dans les salles de cinéma. De nombreuses salles diffusent de nombreux d'opéra par an. Pour un prix autour de 30€ vous serez aux premières loges, avec une qualité de captation, d'image et de son hors du commun!
Toutes les informations pour la saison prochains sont ici :
L'opéra au cinéma : saison 2024-2025
Les histoires sont toujours tristes
FAUX
Les opéras sont très divers. On y trouve vraiment de tout, drames mais aussi comédies.
J'ai même fait un article sur "Les chansons à boire à l’opéra".
Les histoires de l'opéra ne font que refléter les problèmes des hommes et leurs passions: amour, haine, soif de pouvoir, vengeance, joie... ces passions sont exacerbées par la musique. Et ces problématiques sont atemporelles. Elles sont abordées en détails ici.
Et puis, cela fait du bien de pleurer un peu de temps en temps !
D'ailleurs, c'est une question que j'ai abordée :
"Pourquoi pleure-t-on à l’opéra" ?
Scène de Don Pasquale de Donizetti
L'opéra, c'est sexiste : les femmes y meurent tout le temps...
Les femmes meurent certes beaucoup à l'opéra, mais les hommes ne sont pas en reste non plus, d'Edgardo de Lucia di Lammermoor à Atys, Chénier, Tristan, Siegfried...
Certes, le sort des femmes n'est pas toujours enviable dans les histoires d'opéra, mais comment ne pas y déceler un grand attachement des compositeurs pour leurs personnages féminins: Verdi, dans sa Traviata dénonce le sort peu enviable fait aux courtisanes : l'héroïne nous émeut par son chant et nous rend encore plus sensible à sa souffrance. Mozart révèle quant à lui toute sa tendresse pour le beau sexe : son dernier opéra, La Flûte Enchantée, est un hymne à la femme, qui guidera l'homme et sera son égale dans l'initiation maçonnique.
"Mais enfin, c'est ridicule : dans la vie, les gens ne chantent pas, surtout quand ils vont mourir"
C'est une remarque absurde mais que j'ai déjà entendue... Dans ce cas, quid de la comédie musicale ? Au contraire, les souffrances sont à la fois amplifiées et sublimées par le pouvoir de la musique.
Les personnages mettent une heure à mourir...
Violetta, la célèbre Traviata est tuberculeuse... et cela ne fait pas mourir d'un coup. Werther se blesse avec un pistolet, mais à la poitrine. Cela lui laisse le temps de recevoir un baiser de sa Charlotte ! Et puis, si l'on veut faire naître l'émotion et tirer quelques larmes au public, il faut laisser un peu de temps à la musique... laissez-vous aller à sangloter.
Les chanteurs répètent toujours la même chose
VRAI en ce qui concerne presque toutes les chansons de variété !
VRAI pour le répertoire de l'opera seria baroque : mais le but n'était pas de raconter une histoire mais de mettre en valeur la virtuosité des chanteurs.
FAUX pour une bonne partie du répertoire à partir du XIXème siècle : les compositeurs vont de plus en plus travailler avec les librettistes pour créer des oeuvres passionnantes et variées.
Les gens vont avant tout à l'opéra pour se faire voir
FAUX
Même si l'on voit encore parfois surgir, quoi que trop rarement, quelques politiques qui font semblant une fois l'an de s'intéresser à la chose, il y a longtemps qu'il n'y a plus d'intérêt social à paraître à l'opéra... La variété et le foot payent plus à ce sujet. Peut-être reste-t-il quelques snobs qui vont une fois l'an participer à quelque soirée de gala de l'Opéra de Paris pour faire semblant d'avoir l'air cultivés, mais bon, tant mieux : ils achètent les places les plus chères, et se font même mécènes !
L'opéra est un genre mort : on ne compose plus de nouveau opéras
FAUX
Les grandes salles d'opéra mettent chaque année un point d'honneur à proposer des créations de compositeurs vivants et certaines connaissent un réel succès. Par contre, elles sont généralement plus difficiles d'accès que les "classiques" comme Aida et Les Noces de Figaro (mais ça, c'est mon avis personnel qui peut me valoir un lynchage en règle).
De plus, les opéras créent aussi des oeuvres du passé qui ont été longtemps oubliées : par exemple, on a redécouvert récemment le répertoire baroque. On joue également de plus en plus souvent le répertoire du Grand Opéra français de la première partie du XIXème siècle, comme Meyerbeer.
Et puis, même pour le répertoire classique, chaque nouvelle production, avec de nouveaux chanteurs et une nouvelle mise en scène, est toujours comme une redécouverte !
A propos de la création contemporaine, je vous invite à consulter mon article sur l’opéra américain.
Non, je ne retournerai pas voir cet opéra, je l'ai déjà vu il y a dix ans.
Ce n'est pas comme d'aller voir un film : chaque nouvelle production est différente, chaque artiste apporte sa propre interprétation, sa propre voix, sa propre personnalité à un personnage. Et plus les productions, les décors, les mise en scène changent. Chaque spectacle d'opéra est différent. De plus, plus on écoute une oeuvre musicale, plus on l'aime.
Mais pourquoi ils chantent en italien puisque cela se passe à Paris ?
J'ai entendu cela un jour à Bastille à propos de La Bohème... chantée en italien tout simplement car le compositeur, Puccini, est italien, et l'oeuvre était destinée au public italien. C'est bête mais c'est comme cela.
Quant à la question de la traduction des livrets d'opéra, je vous renvoie à l'article "L’opéra dans toutes les langues".
"Quand j'écoute Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne".
C'est sans doute la citation la plus stupide de Woody Allen, et je commence à en avoir assez de l'entendre. Cela veut dire que la musique de Wagner est violente et dominatrice, ce qui est totalement faux. Il y a des pages pleines de mélodie, de douceur et de tendresse chez Wagner. Même la si célèbre chevauchée des Walkyries est plus joyeuse et trépidante que guerrière. Ce sont des jeunes femmes valeureuses heureuses de se retrouver.
L'oeuvre de Wagner est accessible à tous et à découvrir absolument... et je vous promets qu'elle ne vous rendra pas nazi. Enfin, j'espère... je ne crois pas l'être.
J'ai créé plein de vidéos sur le sujet
Et puis il y a aussi les stéréotypes du milieu qui sont assez amusants:
Je cherche en vain la caricature sur Facebook qui décrit les différences entre sopranos et ténors. En tous cas, les idées reçus y sont légion. En voici quelques unes qui m'ont été suggérées par les mélomanes sur FB. (Ce qui nous renvoie à mon article sur les différents types de voix d’ailleurs).
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