Hommage à Dmitri Hvorostovsky
Aujourd'hui, mercredi 22 novembre 2017, est un jour de deuil pour le monde de l'opéra qui déplore le décès du baryton russe Dmitri Hvotostovsky, à l'âge de 55 ans. Il a finalement succombé au cancer du cerveau qui le poursuivait depuis plusieurs années déjà.
Nous avons tant espéré pour lui. Il était rayonnant, un symbole d'énergie, et une image de celui qui se bat envers et contre tout . Il s'était fait opérer, mais était remonté sur scène. A l'automne 2017, il avait même fait une apparition remarquée au gala du Metropolitan Opéra de New York. Non, Dima ne pouvait pas perdre ! Et pourtant...
De nombreux hommages lui sont d'hors et déjà rendus sur la toile, mais je souhaitais y ajouter humblement le mien.
Quand j'ai commencé à le connaître, je me sentais incapable de prononcer son nom, et j'avais donc décidé de l'appeler "Vrovro". J'ai appris plus tard que ses amis l'appelaient Dima. Pour moi, aussi futile que cela puisse paraître, il restera "Vrovro". Ce qui marquait chez lui au premier abord, c'était cette splendide tignasse d'un blanc éclatant, prématurément décolorée, mais qu'il arborait si fièrement qu'il avait réussi à la rendre très sexy. C'était une personnalité, un baryton à l'aspect parfois assez froid au premier abord (glaçant dans les rôles de méchants !) mais au sourire absolument rayonnant. Il faut le dire : Dima plaisait beaucoup aux femmes : il suffisait de voir l'hystérie de ses fans (féminines) à la sortie des artistes.
Je garde le souvenir d'un homme plein d'énergie, à la voix à la fois claire, sonore mais aussi très émouvante, qui savait nous toucher.
Dmitri nait en 1962 en Sibérie. Il fait ses débuts à l'opéra de Krasnoyarsk dans le petit rôle de Marullo (Rigoletto), avant de gagner en 1987 les premier prix des compétitions Glinka en Russie et Toulouse l'année suivante.
En 1989, il commence à se faire connaître au niveau international en gagnant la compétition "Cardiff Singer of the World", battant en finale le Gallois Bryn Terfel, promis également à une carrière ô combien brillante. Il y interprétait "Ombra mai fu" de Handel et... le grand air de la mort de Rodrigue dans Don Carlo, un de ses futurs grands rôles. Le voici :
Immédiatement, il commence une carrière internationale et interprète ses premiers récitals en soliste (Londres, 1989, New York 1990).
Il fait ses débuts lyriques officiels à l'opéra de Nice dans La Dame de Pique de Tchaikovsky.
Voici une belle déclaration d'amour introduite aux cor anglais et violoncelle :
Il fait ses débuts en Italie à la Fenice, dans un autre de ses grands rôles : Eugen Oneguin de Tchaikovsky. Le succès assure sa réputation dans toute l'Europe, puis aux Etats-Unis où interprète à l'opéra de Chicago le rôle de Germont dans La Traviata en 1993.
Sa carrière lancée, il chante sur toutes les grandes scènes du monde. Oneguin devient son rôle fétiche. En voici le final :
Il est apprécié pour la perfection de sa ligne de chant, sa voix au timbre clair et assez aigu, sa classe et sa beauté (il a été classé par un magazine "People" parmi les 50 plus beaux hommes au monde !... ).
Il se produit à l'opéra mais également souvent en récital, où il interprète notamment le répertoire de mélodies russes (Rachmaninov, Tchaikovsky).
Voici une célèbre mélodie de Rachmaninov :
Sans oublier la musique populaire. Que de vie et d'énergie !
Ces dernière années, Dmitri s'était consacré au répertoire d'opéra, et en particulier aux grandes rôles verdiens tels que ceux de Renato dans Le Bal Masqué, Germont dans La Traviata, le Conte de Luna dans Le Trouvère et l'immense rôle de Simone Boccanegra.
Voici un extrait du Trouvère qu'il chantait encore récemment au Met de New York : le Duc de Luna est amoureux d'une femme qui en aime un autre... Mais pense quand même à la beauté de son sourire, tout en organisant son enlèvement...
Un Bal Masqué... où Renato pense que sa femme le trompe avec son meilleur ami !
J'ai pris ces dernières photos lors d'une représentation du Bal Masqué à Vienne à laquelle j'ai assisté en 2016. Dima avait déjà subit des opérations chirugicales suite à son concert, mais avait mis un point d'honneur à remonter sur scène. La voix était légèrement plus fatiguée, mais toujours aussi belle, avec le si beau legato, et l'implication scénique, bouleversante, auprès d'ailleurs d'un Piotr Becsala également très émouvant. Ce fut une grande soirée, et la dernière fois que je vis Dmitri Hvorostovsky...
Quant à ces photos, elles furent prises lors d'un récital de mélodies russes au Palais Royal, en 2014. très beau souvenir également :
Vous trouverez sur YouTube plein de merveilleux extraits. Je vous conseille d'y passer un moment pour découvrir l'étendue du talent de cet artiste.
Adieu donc Vrovro-Dima, et pour une fois, je bénis la technologie qui nous offre la chance de conserver un si beau souvenir de vous !
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