Les pages d'Héloïse
Héloïse adore l'opéra... et pourtant, née dans une famille d'ouvriers, elle était loin d'appartenir à cette élite que l'on dit exclusivement prédestinée aux ors des salles lyriques. La découverte de l'opéra et de la musique classique fut pour elle un émerveillement sans cesse renouvelé.
Aujourd'hui, elle veut partager avec nous les émotions, les doutes et les passions que l'opéra a fait naître en elle et nous montrer à quel point cet art peut embellir la vie.
J'ai souhaité lui laisser la parole sur cette page afin de vous offrir un autre point de vue sur les bonheurs que peut provoquer l'écoute d'un opéra !
L'opéra au cinéma ou la vertu de l'incarnation
Septembre 2017
C'était l'été. De notre Bretagne nous rêvions de chaleur et de Beauté. Pour nos vacances, nous louions un gîte rural aux environs d'Aix en Provence pour aller à l'opéra dans la cour de l'Archevêché.
Pour avoir des places peu chères il fallait s'y prendre très tôt. Ce que nous faisions. Ces places étaient merveilleuses. Là-haut, au dernier rang des gradins, contre le mur chaud, le soir, près du ciel, devant la scène un peu lointaine. Le bonheur tout de même.
Vint le jour où, présumées riches sans doute, on nous les refusa hélas. (Elles furent réservées aux bénéficiaires des minima sociaux). Nous avons donc dû cesser de fréquenter un festival devenu trop cher pour notre bourse.
Lorsque le Met de New York proposa des spectacles (live) sur grand écran dans un cinéma proche de chez nous, nous avons décidé d'essayer. Peu de spectateurs au début dans les salles bretonnes, mais des orchestres, des voix, les plus cotés du monde et presque toujours des mises en scène remarquables. Notre regard s'aiguisa, l'écran nous rapprocha du spectacle et particulièrement des chanteurs qui devenaient des incarnations des personnages dont ils chantaient, vivaient les rôles. Leurs comportements, leurs émotions sur leurs visages, leur respiration même. Nous étions attentives à tout.
Ce fut une découverte que cette proximité, un intérêt accru pour l'histoire dont ils étaient les acteurs. Un réflexion plus profonde sur le sujet, la direction d'acteurs, le rôle du metteur en scène. Et quand l'orchestre sublimait la réunion de tous ces éléments. C'était parfait.
Allons à l'opéra au cinéma, le coeur ouvert, les sens éveillés, l'esprit attentif. L'extraordinaire peut arriver.
Héloïse
Une soirée en direct du Met avec Turandot de Puccini
Un Conte cruel, féerique sur fond de chine talentueux, d'une beauté à couper le souffle. Un casting parfait y compris le choix de Timur dont la voix exprime avec justesse le decouragement du vaincu et l'épuisement de l'homme.
Une merveilleuse soirée. Merci à l'Opéra qui seul peut atteindre ce niveau émotionnel.
Le grand mérite dans retransmissions au cinéma est de rendre sensibles des émotions, de les rendre visibles. Cela crée un lien entre le chanteur et l'auditeur spectateur. C'est magique. Dans Turandot, Calaf, déterminé,puissant, par son physique par sa voix, n'en est pas moins tendre par la douceur de ses mains sur Turandot.
De même le Scarpia de Ruggero Raimondi dans Tosca exprime t-il dans l'intériorisation de son chant "Va, Tosca", un sentiment amoureux sincère en dépit du personnage détestable qu'il doit incarner.
L'imaginaire à l'opéra en écoutant France Musique
C'était une soirée du Nouvel An. J'écoutais parler d'un ténor très apprécié à l'époque: Alfredo Kraus.
L'illustration sonore annoncée était l'entrée d'Arturo dans Les Puritains de Bellini.
Coup de foudre! J'imaginais Arturo avançant sur son cheval vers sa bien-aimée, au rythme de cette mélodie envoûtante. Il me fallait partir à la recherche de l'Arturo des Puritains.
Julia est venue à mon aide avec sa compétence et en mains, le DVD du Metropolitan Opera de New York. Un bonheur qui dure toujours.
Bien sûr, Arturo n'arrivait pas à cheval finalement. Mais les voix dépassaient mon espérance et je découvrais Anna Netrebko dans le rôle d'Elvira, d'une exceptionnelle vulnérabilité.
Je n'imagine pas un instant la transposition de cet opéra de nos jours.
De même, je n'avais pas retrouvé Mozart dans Les Noces de Figaro, tristement reléguées à une étude notaire contemporain (version du Festival d'Aix en Provence).
De même encore, j'ai souffert à la vue de Lohengrin à terre et pantelant dans une histoire compliquée, exactement l'inverse de ce que voulait Wagner, qui s'adressait à tous (version de la Scala de Milan, 2012).
Que reste-t-il au spectateur dont l'imaginaire est mis à mal? Le sentiment d'une provocation, au nom de la "Modernité".
Ce qui signifie: ouvrez les oreilles, l'oeuvre est toujours là: elle en vaut la peine comme jamais, mais posez un bandeau sur vos yeux. Et surtout, profitez dans votre cinéma des diffusions en direct du Met de New York ! Cette grande maison s'est donné pour mission de respecter les Oeuvres!
Qu'elle en soit remerciée !
Héloïse
I Puritani, Bellini "Son salvo", Rockwell Blake.
L’opéra pour tous !
Hommage aux diffusions HD du Metropolitan Opera
Depuis plusieurs années, je suis guidée dans mes expériences musicales par une très bonne conseillère. C’est Julia qui a porté à la connaissance de notre petit groupe de néophytes l’existence des rediffusions d’opéras en direct du Metropolitan Opera de New York. Ce fut un émerveillement.
Parsifal, la dernière diffusion en direct du «Met», d’une beauté si saisissante, prouve qu’un spectacle de haute qualité, projeté dans une salle de cinéma, apporte à ceux (dont je suis), éloignés des plus grandes maisons d’opéra, une immense satisfaction pour un modeste prix.
Orchestre, scène, voix prestigieuses, nous avons le privilège de les recevoir dans notre province comme des cadeaux du Ciel. C’est chaque fois l’émerveillement de la rencontre avec la Beauté, la découverte d’une histoire qui s’inscrit dans l’Histoire que nous ignorons souvent.
Enfin, nous voyons les artistes en train de chanter, ce qui nous est refusé dans ces maisons d’opéra où nos moyens pécuniaires nous relèguent souvent à des places sans visibilité, sans gros plans sur ces visages et les émotions qu’ils traduisent.
Par exemple, le film Tosca de Benoît Jacquot. J’y suis retournée 4 fois rien que pour VOIR et ENTENDRE Ruggero Raimondi chanter Scarpia.( Va, Tosca !) Une grande émotion renouvelée.
On ne démocratise pas l’opéra en abaissant le spectacle, en le vulgarisant et, sous prétexte de « l’actualiser », en l’amputant de son charme et de son histoire pour le mettre au goût du jour. Quelle tristesse.
Vive « l’opéra en direct » et merci au Met de New York pour son choix de mises en scènes respectueuses de la musique et des livrets.
Je suis venue à l’opéra assez tardivement. J’étais curieuse mais effrayée et assez ignorante comme la plupart des gens. Tout ce que j’en connaissais, je le tenais de mon père qui, modeste ouvrier, chantait à table des extraits de Faust de Gounod… (Oui, à l’époque, cela n’avait encore rien d’incongru !)
Qu’est-ce que j’aurais aimé alors avoir à ma disposition quelqu’un, qui comme Julia, m’explique cet univers et me le fasse découvrir. Ce n’est que bien plus tard que j’ai essayé de faire mes premiers pas. Seule, j’ai pris des places tout en haut des gradins des Chorégies d’Orange. J’étais émerveillée par la musique mais je sentais bien que je passais à côté de quelque chose.
Ce ne sont pas les salles d’opéra qui m’ont vraiment aidée : mon opéra local avait une programmation trop limitée, ce sont les diffusions télévisées (ah, la stupeur de la découverte de la Tétralogie de Patrice Chéreau filmée à Bayreuth, du fond de ma campagne !), puis les films, puis le Met !
Aimer l’opéra, ce n’est vraiment plus une question d’argent, mais de curiosité et de volonté. Aujourd’hui, nous avons la chance de trouver des gens pour nous guider et de pouvoir accéder, près de chez nous et pour un prix modeste, aux plus belles productions du monde ! Quel miracle !
Profitons-en !
Héloïse
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